Notre 1er article nous mènera à LUANDA, ANGOLA, riche en musiques diverses, variées rythmées des sonorités traditionnelles et ancrées dans un beau métissage aux confins de styles musicaux divers, jazz, soul et funk: des semba groove au rebita au lamento soul.
L’Angola est un pays lusophone du sud-ouest de l’Afrique, limitrophe de la République démocratique du Congo, la Namibie et la Zambie. Le pays est un quadrilatère reliant l’Afrique centrale francophone à l’Afrique australe anglophone. Le semba est la principale musique d’Angola, créée dans les années 40 venant d’une évolution de rythmes traditionnels. Le rythme semba vient de diverses influences, le massemba et la danse rebita traditionnelles, sans oublier les sonorités brésiliennes et l’utilisation d’instruments occidentaux.
Rythme qui domine tout l’Angola, le semba s’enrichit dans les années 60-70 de musiques comme la rumba congolaise (très populaire au nord du pays). Dans les années 1950, la semba évolue avec le groupe « Ngola Ritmo » et son leader Liceu Vieira Dias qui influence cette période, introduisant des instruments occidentaux (en particulier les guitares) et modifiant profondément la rythmique et la mélodie.
En 1969, des studios à Luanda ouvrent et est lancé le label Ngola. C’est en cette fin des années 1960 qu’a lieu la véritable émergence musicale, culturelle, sociale et politique en Angola.
Dans les dernières années de la présence coloniale portugaise fin 60 début 70, la musique angolaise connaît une incroyable créativité musicale, de nombreux 45trs sortent et ces semba soul portent un message militant pour l’indépendance. Cet âge d’or de la musique angolaise continue jusqu’au début des années 80, avant d’être oubliée, éclipsée par les trente années de guerre civile.
Dans les années 60-70, cette semba angolaise se teinte de sonorités rumba et rebita avec des groupes comme OS KIEZOS, OS BONGOS ou des chanteurs comme Artur Nunes, Elias Dias Kimuezo, Os Jovens do Prenda, Rui Mingas ou Urbano de Castro, …
BONGA est une figure emblématique pour toute l’Afrique noire. Ayant dû fuir son pays à 23 ans, il est devenu en exil le porte parole de la musique angolaise. Au long de ses 26 albums et de ses 35 ans de carrière, il a su dégager un style musical qui fait école. Une superbe voix grave et éraillée, des harmonies douces, de belles mélodies sodade ou dansantes : voilà ce qui caractérisait Bonga des années 70 à aujourd’hui. Il est capable de titres de semba rapide ou de superbes ballades comme « Sodade » que reprendra plus tard la reine cabo verdienne Cesaria EVORA.
Bonga Kuenda internationalise le semba dans les années 1970/1980 en lui infusant du soukouss, le cadence des Antilles, des sons cubains et la morna. Il est un des chanteurs phares de l’éclosion de la nouvelle musique angolaise des années 1960/70.La sublime compilation REBITA sortie en 1974 est un bel exemple de cet âge d’or musical.
TETA LANDO sort également un incroyale album en 1975 independencia. Son œuvre traite de l’identité angolaise, de la guerre civile, et prend parfois la forme de Saudades ayant pour thème l’exil, il chante aussi l’amour et la famille. Il chante tantôt en Kikongo, tantôt en Portugais. Son titre le plus connu est probablement Irmao ama teu irmao. « Independencia » sera disque d’or. Inquiété en 1975 pour ses sympathies en faveur du FNLA, il est contraint à l’exil tout d’abord au Zaïre où il enregistre deux disques avec le OK Jazz. En 1978, il s’installe à Paris où il poursuit ses recherches mélodiques et harmoniques.
Le magistral album independencia de TETA LANDO va être réédité cet été pour notre plus grand plaisir sur fanon records. Retrouvez également cet âge d’or semba soul d’ANGOLA sur les deux magnifiques volumes sortis sur l’excellent label Analog Africa.
vous pouvez réécouter nos deux sessions DJ (part1 et part2) sur l’ANGOLA années 70 et retrouvez tous nos replay d’émissions radio sur Mixcloud.
MAT BLACK VOICES